AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le coffret Collection Alakazam-ex ?
Voir le deal

Partagez
 

 il y a des morceaux très fragiles, on tape dessus, ça s’effondre.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage

Invité
Invité



il y a des morceaux très fragiles, on tape dessus, ça s’effondre. Empty
MessageSujet: il y a des morceaux très fragiles, on tape dessus, ça s’effondre.   il y a des morceaux très fragiles, on tape dessus, ça s’effondre. EmptyDim 14 Sep - 10:03

J'ai froid, je sais même pas si c'est mes dents qui claquent ou si ce sont le bruit de mes os qui s'entre choque à chacun de mes pas. Mais j'étouffe. Je sens toute cette graisse autour de moi et j'étouffe. Mon ventre, mes bras, mon cou, mes joues, je suffoque en permanence, et c'est encore pire depuis que je suis sorti de l'hôpital. 10 putain de kilo en plus et je sens que je vais finir asphyxié par ma propre graisse. Je les hais. Tous. Tout le monde. Les infirmières, ma mère qui me dit que j'ai repris des joues comme si c'était la meilleure nouvelle de l'année, comme si c'était plus merveilleux que d'avoir la paix dans le monde, puis ma soeur qui me rappelle sans cesse que j'ai pas l'air anorexique. En d'autres terme, que je suis toujours pas assez maigre. Et les cours, même pas la peine d'en parler, j'ai récupéré ma petite plante que la prof de math m'avait confisqué il y a un mois, et c'est tout ce que j'ai pour me consoler de ma journée. J’ai de la chance, pour une fois y a pas trop de monde dans les couloirs, et j’ai l’impression d’être plus invisible que bête de foire, ce que je considère comme une bonne chance pour un retour après un mois d’absence. Si je m’évanouie, y aura pas grand monde pour se moquer de moi et j’arriverais à encaisser les insultes sans trop de difficulté. Je dois aller jusqu’à mon casier, avec mes jambes qui tremblent, ma tête qui tangue et ma vue qui s’embrouille. Mais yeux ne voient qu’un brouillard noir et plutôt que de faire face à l’évidence que j’ai besoin de manger, je les ferme. Je vois plus rien, mais c’est pas grave, ça tangue moins.
- Oh pardon ! Désolé !
Je sais pas trop si c’est un mur ou quelqu’un sur qui je viens de me cogner, mais je préfère m’excuser avant d’ouvrir les yeux.
- Samuel ..
Je le connais lui, un peu. Enfin, tout le monde le connaît, moi peut-être un peu plus que les autres ? Je sais pas. J’en sais rien. Et je sais pas non plus qui il est maintenant, je l’ai pas revu depuis un moment, depuis qu’il est parti de mon enfer.
- Désolé, pardon, excuse moi, je t’avais pas vu..
Je préfère fixer le sol que de le regarder dans les yeux. Je crois que y a une loi qui dit que j'ai pas le droit parler à certaines personnes au lycée, parce qu'ils sont pas comme moi ou parce que je suis pas comme eux. J'en sais trop rien en fait, ça fait bien longtemps que j'ai arrêté d'essayer de comprendre comment fonctionne le monde dont je ne fais pas parti et dont je n'ai pas envie de faire parti. Y a des trucs bien plus important que tenter de bien se faire voir de personne qu'on aime même pas et qui nous oublie quand on rentre chez soi. Je comprend pas ce genre de manège, mais je tente de respecter les règles parce que c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour qu'on me foute un peu la paix. Et je crois que Samuel, je suis pas censé avoir le droit de lui parler.
Revenir en haut Aller en bas

Invité
Invité



il y a des morceaux très fragiles, on tape dessus, ça s’effondre. Empty
MessageSujet: Re: il y a des morceaux très fragiles, on tape dessus, ça s’effondre.   il y a des morceaux très fragiles, on tape dessus, ça s’effondre. EmptyDim 14 Sep - 15:39



À cause de l'hôpital j'ai raté les examens, alors je recommence la même année. Les élèves ont un an de moins que moi et je m'ennuie en classe. Moi, je prends pas le cours en note, je l'écoute même pas, je dessine des parkings. Je joue à l'architecte des parkings. Peut-être que ça existe pas et sûrement que je serai jamais un architecte tout court. Je m'en fous. Quand j'étais à l'hôpital je voyais que ça de ma fenêtre, du parking. Des voitures alignées les unes à côté des autres, éloge à la tristesse. Mes parkings sont beaux, on a envie d'y garer sa voiture, il y a des fontaines, des stands de crêpes, des allées d'arbres, il faut rouler au pas à cause des paons qui se baladent un peu partout et c'est pas du goudron par terre, c'est du marbre mais en pas trop glissant.
La cloche sonne.
17:00 fin des cours.
Je marche dans un couloir que je ne connais plus.
J'écoute la musique très fort pour oublier que les autres ne veulent plus me parler depuis que je suis devenu un sac d'os.
Et encore, j'ai pris du poids les gars.
Du poids, du poids oui mais pas assez pour résister à celui qui me fonce dedans. Aïe, je vais avoir des bl ... Non, des rien du tout. C'est Ashley, je connais par cœur son poids, mais je le garde pour moi. C'est Ashley qui s'excuse et murmure mon prénom, et il risque pas de me faire mal vu comme il pèse nuage. Ashley. Un garçon avec un prénom de fille, mais de toute façon tout marche à l'envers chez lui : alors que l'Amérique grossit, s'obèse, s'élargit, Ashley lui, cherche à se rendre néant, un peu comme moi, mais à tous les temps, y compris au présent et au futur.
J'enlève un écouteur de mes oreilles, Beirut d'un côté et Ashley de l'autre.
- Salut Ashley.
À l'hôpital j'étais dans la même chambre qu'Ashley.
Moi j'ai arrêté de manger parce que quand j'étais pas là tout le monde me cherchait, quand je jouais au foot fallait toujours que je marque des buts, et que même si tout le monde savait que j'étais sorti avec un garçon une fois et que j'avais quelques amis bizarres, j'étais quand même un petit morceau de perfection dont les autres parlaient quand ils disaient à quelqu'un « tu devrais être comme Samuel ». Forcément, ça casse, ça te casse, alors j'ai arrêté de manger.
Et puis je me sentais encore plus puissant.
- Tu vas bien ? Je savais pas que t'étais sorti.
Ashley, là-bas, c'était mon seul ami, ici, peut-être aussi.
Revenir en haut Aller en bas
 

il y a des morceaux très fragiles, on tape dessus, ça s’effondre.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» il y a des morceaux très fragiles, on tape dessus, ça s’effondre.
» j'te donne tout et j'me casse en morceaux

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
PALO ALTO :: HORS JEU :: RP-