il porte le vent sur ses bras.
la nuit tombe et les vies s'éteignent dans la noirceur des rues,
il traîne son corps lourd et las sur les trottoirs vides,
mais en réalité, il n'est pas vraiment là :
ce soir, il en a trop pris.
dans sa tête c'est le brouillard,
il ne voit rien si ce n'est que la lune qui s'élève au rythme des battements de son coeur
ça résonne en lui-même
ça sonne comme des poings écrasés contre le bitume,
il a mal au corps.
le silence est pesant, inquiétant,
il fait danser les fantômes dans l'obscurité.
et puis il voit,
au loin ou peut-être tout près,
une ombre,
une cigarette qui s'allume.
quelqu'un.

C'est pas beau, ça grésille. C'est pas de la bonne musique. Mais ça m'amuse. Comme ça, je sens mon coeur battre dans mes tempes. Comme ça, j'ai presque plus peur du noir. J'me fiche de la nuit qui tombe, je pourrais bien la rattraper. C'est de la danse ou pas ? Je ne sais pas, j'entends plus rien. Le monde pourrait se précipiter sur moi que je ne sentirais qu'une légère brise.

J'entends vraiment rien. les lumières des rues goudronnées s'allument à mesure que j'arrive, je tape du pieds. les yeux fermés, les bras en l'air. papa doit se demander ce que fait son fils. lui non plus ne sait pas.  Je suis pas allé en cours hier et n'y fouterai certainement pas les pieds demain non plus. Laissez moi me trémousser comme ces filles dénudées sur les écrans lisses.

Le refrain s'arrête et je ne peux plus penser à cet amour sucré dont il était question. Regard glissant sur les rues dorées. Je suis comme au carrefour de ma liberté. Cils qui se baissent sur des mains blanches et saisissent entre ses doigts une parcelle de volcan. Un, deux, trois, il s'allume. Un grand nuage de carbone s'infiltre dans mes poumons. Je n'entends plus rien. Et je me sens seul, seul, si seul.   

le nuage de fumée s'approche de lui,
et danse comme un serpent voulant charmer sa proie,
délicate et volupté,
elle monte jusqu'au plus profond de ses entrailles.
il est presque aveugle là, dans la nuit noire et,
pourtant,
il reconnaît les courbes de son corps
parce qu'il les a trop souvent tenu entre ses mains,
entre ses reins,
dans le creux de sa chair,
dans le bleu de ses yeux.