Faut arrêter, arrêter de sourire, arrêter de mourir. (Quincy)

Quincy Kojo Copeland

dix-sept ans

Dajé Barbour

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Décris-nous ta relation avec tes parents : Le silence. La douleur. Ils se regardent sans se comprendre. Ils se regardent en souriant faussement. Pas de vérités, que du mensonge. Il ment. Pour ne pas souffrir, pour leur faire croire que tout va bien. Qu'il est le fils parfait. Le silence. La douleur. Ils ne se comprennent pas. Hurlent et blessent sans le vouloir. Il ne sait pas pourquoi. L'adolescence, la crise ? C'est ce qu'ils disent. Lui, il pense pas que c'est ça. C'est juste. Qu'il n'est pas comme eux. Et c'est tout. Il n'est pas l'enfant dont-ils avaient rêvé alors, ils se mettent des œillères. Et font semblant. Le silence. La douleur. Il n'y a rien. Plus rien entre eux.
Comment ça se passe au lycée ? : Bon élève. Silencieux au fond de la classe. On ne peut rien lui reprocher. Il ne parle pas et a de bonnes notes. Il est assez solitaire. Il passe sa journée et puis basta. Avec ses quelques amis. Le lycée, juste un moment à passer. Il s'en fout un peu. Finalement, ce n'est pas là qu'il fera sa vie.

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Les yeux clos. Il les sent. Là, sur son corps, sur sa peau. Les mains. Douces, dures et masculines. Elles glissent, se déposent, s'aventurent. Lui donnant des frissons. Il gémit, s'accroche aux draps alors qu'il halète, les lèvres entrouvertes. Perdu. Dans ses mains. Perdu. Dans son monde. Leur monde. Il souffle, l'appelle, et ouvre les yeux. Pour le fixer, le détailler. Lui sourire. Le cœur qui bat trop vite, trop fort. Il veut l'embrasser, le tenir. Mais, il le sent, là, derrière lui. Ses lèvres dans sa nuque. Ses lèvres sur sa peau. Un peu râpeuses. Les mains bien plus rugueuses et usées que les autres. Il referme les yeux. S'accroche un peu plus aux draps. Alors qu'ils l'apportent plus loin. Au septième ciel. Dans un monde où eux seuls se comprennent. Un monde où ils sont trois et c'est bien comme ça. Et pourtant... Il sait qu'il doute. Il sait qu'il ne comprend pas. Comment tout cela est arrivé. Mais, il s'en fout. Parce que son cœur bas, fort, trop fort. Il bat au point de lui faire mal. Il bat pour eux deux et ça lui convient. Des mains, des lèvres. Des corps enchevêtrés. Passion. Corps contre corps. Cœurs contre cœurs. Trois hommes qui s'aiment. A leur façon.

Le vent, il fouette, blesse. Fort contre son visage. Fort autour de lui. Le vent, il adore le sentir, là, sur sa peau nue. Il adore le sentir alors que ses pieds s'élèvent et s'abaissent dans un mouvement si bien connu du genre humain. Il court. Loin, vite. Il court à s'en couper le souffle, à s'en faire arrêter le cœur. Il court parce que ça le libère. Il court parce qu'il aime ça. C'est un professeur, un jour, qui lui a demandé de le faire. Lui, qui n'aimait pas le sport. Courir. Il le fait maintenant depuis cinq ans. Courir pour gagner, se libérer. Courir. Oui mais... A quoi bon courir si c'est pour s'empêcher de vivre ? A quoi bon courir s'il ne peut même plus faire la fête. Il hésite et pleure. Il hésite et crie. Alors qu'il court. Court à s'en faire arrêter le cœur. L'arrivée cent mètres plus loin. A quoi bon ? Pour la popularité. Il s'en fout. Il ne l'a jamais été avant, pourquoi maintenant. Il court, mais, il ne sait plus pourquoi. Il a l'esprit embrouillé.

« Est-ce que tu pourrais choisir entre nous deux ? »
« Non. »

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elsa / milus / 23 ans / écoutez le silence