J'ai trouvé l'idée jolie et j'ai mis mon nom dans le bocal pour le bal. Pour une fois j'allais pas être obligé de faire le mignon à côté de Debbie, un soir en plus, je veux dire que je suis opérationnel cinq jours sur sept et le samedi soir, mais là, c'est quelques heures de plus, de quoi vous tuer un Coma. Pour une fois, j'allais pas être obligé d'aller sonner à la porte des Pollock, croiser les parents, faire genre que j'aime plus leur fille que leur fils.
Haha ...
Non mais la blague ...
On m'a pioché avec Bellamy. Bellamy, d'abord j'ai pensé, garçon ou fille, c'est à cause de Silas, je sais pas, je sais plus. Et puis dans Bellamy il y a belle alors je me suis dit que ça devait être une fille. Une belle. Encore une. Toujours une. Je suis content, ça fait bien. Silas m'a moqué, il a ri pendant des heures alors que c'était pas drôle, pas drôle du tout, Bellamy, c'est la fille qui a les jambes cassées. Bellamy, c'est la fille que je regarde quand les autres ne peuvent pas me voir. Je compatis, et puis aussi je regarde bien loin devant, pour faire comme tout le monde.
C'est elle, Bellamy.

dénouant (et torturant un peu) ma cravate au fil des secondes qui passaient, mes yeux ne vivaient que pour le gymnase, un peu diaphane, de multiples couleurs pastels se diffusant à quelques mètres et des poussières. "roh tire pas cette tronche leo, c'est pas la mort, tu pourras toujours lui toucher les fesses à elle aussi." mais. ta gueule ? je soupire encore une fois, accordant un maigre sourire à onor. bon. une syllabe, un mot, trois lettres un peu moches aussi, lançai-je en me passant la main dans les cheveux (pour la douzième fois de la soirée) pour ponctuer ma phrase, ou mon mot. (ou mon onomatopée) faire de nouvelles connaissances, affirmaient-ils, la braguette ouverte et la barbe mal peignée. au fond, on va pouvoir ambiancer un peu la salle à nous deux, ça va être drôle. mes blazer noirs aux pieds, les mains dans mes poches, je m'avançais, en compagnie d'onor vers la porte, de plus en plus confiant et serein. si j'tire la tronche toute la soirée, on va croire que j'suis un gros coincé. si on s'perd de vue, tu sais que j'traînerai près du buffet hein. dis-je adressant une petite tape amicale à l'épaule d'onor. je m'avance, marquant une longue pause après chaque pas, ne vivant que pour les verres posés avec soin sur la table. j'observe. y'a des garçons, aux cheveux-blé, ou rasés. et puis y'a des filles aux petites robes noires à dentelle, des push-ups, des bustiers, des atouts de séduction laissant à désirer aussi. je hausse les sourcils, un peu déstabilisé par ces corps qui s'échauffent pour les futurs slow, avec des mouvements maladroits de pieds ou d'épaules, et j'essaie de faire une tête de gentil voyou, pour voir si des gens m'abordent à partir de là.

qu'est-ce que j'fais là, moi, déjà? ah oui, c'est vrai, j'voulais danser avec nik. non, en fait, j'voulais pas danser, j'voulais juste être avec nik. une excuse un peu bidon pour avoir une soirée de plus, comme si de rien n'était, à ses côtés. juste comme ça, innocemment (ou presque). seulement voilà, nik, elle est pas là, et j'crois même qu'elle viendra pas. et moi, puis moi, je vais me retrouver là, à devoir danser. mais moi, j'sais même pas danser. j'vais lui écraser les pieds, à ma cavalière.
en plus, ma cravate, elle est même pas bien nouée.
j'sais pas faire de nœud de cravate, mais j'ai voulu faire le grand, et quand maman, toute contente, a voulu me le faire, je l'ai repoussée. c'est bon, laisse-moi tranquille, j'peux m'débrouiller, que j'lui ai balancé. mais j'peux pas m'débrouiller, non. alors ma cravate, elle est pas bien mise, et j'ressemble à rien.
rien.
du.
tout.
avec ma tignasse qui n'veut pas s'faire dompter, mes bagues qui brillent plus que les spots du gymnase, ma cravate de travers et mes épaules trop petites pour endosser avec superbe un costume. j'ressemble à rien. mais au fond, ce qui me rassure un peu, c'est que j'suis pas le seul garçon qui n'ressemble à rien. en fait, ce soir, on est une horde de pingouins.
mais pas des jolis pingouins.
on est des pingouins minables. des ploucs pingouins.
ben tiens, c'est qu'on va avoir fière allure à côté de nos jolies cavalières et leurs robes courtes. j'suis sûr que ma cavalière, elle va me rire au nez quand elle va me voir. ou alors, elle va pleurer, elle va crier, hurler, elle va se demander ce qu'elle a bien pu faire pour être avec un gars comme moi, ce soir. j'aurais rien à lui répondre, moi, parce que moi-même j'sais pas. puis de toute façon, j'sais même pas qui c'est, ma cavalière. nat.. natquelquechose, ils m'ont dit. un truc comme natacha, mais y avait un soucis de prononciation, j'crois. et j'sais pas qui c'est, j'sais pas à quoi elle ressemble, ma natacha au soucis de prononciation. j'suis censé faire comment, pour la retrouver?
allez, dis-moi, j'fais quoi?
je me mets au milieu de la pièce, et je hurle son prénom jusqu'à ce qu'elle vienne?
je m'accroche une pancarte autour de cou avec le mien, de prénom, jusqu'à ce qu'elle me trouve?
j'avance, jusqu'à un blond, là-bas. un gars, j'sais pas trop qui. coma, je crois. j'sais pas. mais peut-être qu'il pourra m'aider à la trouver, ma cavalière, lui. ça se trouve, il sait qui elle est.
hé, hé! t'as pas vu nata.. nata-machin euh.. son nom de famille c'est soren-truc. t'sais où elle est?
j'suis nul, nul, nul.
si elle m'a entendu tenter lamentablement de dire son nom, elle va me regarder de travers.

Le bal. J’suis encore sur le toit quand maman m’annonce qu’il faut que je me bouge. Alors j’écrase le mégot, et je descends. Elle me traite d’irresponsable, elle dit que j’respecte jamais mes promesses. Heureusement qu’elle est là pour couvrir mes arrières. Alors elle sort sa carte bleue magique et d’un coup de liquide elle transforme son irresponsable de fille. Moi j’aime pas les robes. Je préfère les shorts parce qu’y a personne qui peut soulever un short. Mais ce soir j’ai fait un effort et j’ai mis une robe. C’est pas le genre de robe que je mets quand je veux qu’on me l’enlève sans en chier. Non là c’est une vraie de vraie robe avec de la dentelle et tout l’bordel. J’ai bouclé mes cheveux parce que je savais pas quoi en faire. Grosse galère. Et y a maman qui arrive avec son cintre Chanel. Nastassja descend de là, qu’elle me dit. Des fois j’aimerais lui demander pourquoi j’ai un prénom si bizarre. Y a des fleurs dans mes cheveux maintenant. Maman a dit que ça ferait joli. Mais moi je veux pas être jolie ce soir. Parce que les jolies filles se font toujours avoir.

J’arrive au gymnase. Tout le monde me regarde. On dirait des moutons un peu perdu, un peu hagard. Chacun cherche son partenaire, ça me donne envie de rire. Son nom aussi me donne envie de rire, c’est comme un jeu de mots, une blague dès la naissance. J’sais qu’il a des bagues. Mais pas celles qu’on met sur les doigts sinon ce serait pas facile. Ou un peu bizarre. Non des bagues à ses dents comme si chacune des parties de son anatomie voulaient être mise à l’honneur. Est-ce qu’un garçon ça veut être joli aussi ?

Je sais pas où me positionner. On se croirait sur un site de rencontre. Petite fille blasée cherche prince charmant pour remplacer l’ancien, cassé. J’porterai une robe blanche, un truc de bien virginal. Et tromper l’humanité. J’aime bien la musique pour une fois. Mais ça changera pas le fait qu’on est au lycée, un soir. C’est comme une colle prolongée. Ca m’énerve. Je veux partir. Et dans tous ces visages, et à travers la musique, le décor, les costumes et les robes, tu me manques (encore).
J’allais tourner les talons quand j’entends balbutier le début de mon nom, un truc bizarre comme si le mec était passé sous un pont en même temps qu'il parlait. J’sais pas comment je dois le prendre. Mais je m’approche quand même. Pas farouche.

« Sinon, moi c’est Nastassja. » que le lâche soudainement. Puis si c’est pas lui tant pis, je rentrerai chez moi. Je m’allongerai sur le toit et j’imaginerai que t’es là.

la musique, trop belle. les filles, trop belles. ma cavalière, j'en ai marre. alors, j'me pose au buffet, c'est la seule chose capable de m'réconforter un peu dans ma douleur goût tristesse. des gens m'adressent des sourires parfois, en se servant des trucs pour amuser des bouches, alors mes lèvres s'enjaillent à leur tour, poliment, (même si je crois que je ne connais pas ces gens, mais) toujours planté devant la grande table aux délices et merveilles. 
et puis y'a quelqu'un qui m'aborde. une fille. ma bouche s'amuse plus que jamais, je tourne un peu la tête, deux pierres saphires-océans-marée-haute-un-beau-jour-ensoleillé et une jolie robe toute simple qui lui allait à ravir. cœur, peut-être, ou amour, ou toujours, je ne me souviens plus. salut. je m'attrape un verre d'un liquide bizarre couleur coucher de soleil (du jus de pamplemousse, ou un truc du genre) puis un autre, le tendant vers... coeur, c'est ça ? j'm'appelle leo. au cas où. j'observe longuement le rose corail du jus. il n'a pas l'air de contenir d'alcool. (un besoin vital de noyer des sentiments dans un acide hystérique, peut-être) je bois, peu confiant, puis rassuré par le sucré sur le bout de mes lèvres. tu cherches ton cavalier ? peut-être qu'elle son cavalier c'est le prof de maths.

C'est elle qui m'a entraîné dans cette connerie. Comme si on ne passait pas assez de temps au lycée. Un bal pour rencontrer de nouvelles personnes qu'ils disent. Pour se faire de nouvelles affinités. Putain j'en ai rien a cirer. Pourtant ça ne m'a pas empêché de faire un effort pour m'habiller. En même temps j'ai pas eu le choix avec l'autre qui m'harceler. Un selfi même si je suis pas son cavalier puis on prend ma voiture. De toute façon c'est le bal du lycée j’rentrerai pas bourré.

Le gymnase n'est même pas bondé. J'matte les gens autour de moi. Je l'ai connais tous, mais pour la plupart j'leur ai jamais parlé. J'remarque que certains mecs sont limite débraillaient. Nous on est bien sapé, bien coiffé, elle bien maquillé. J'lui lance donc "on est les plus beaux bébé". Mais elle elle saute déjà dans les bras de son cavalier. C'est même pas drôle elle le connait. Puis elle se barre sans un dernier regard. Et merde quelle conne ! Et moi j'ose même pas me casser. Du moins pas avant de m'être excusé. Bah oui parce qu'avant de me défiler il faut bien que je la prévienne Aeanor. Elle m'en voudra pas, enfin je pense pas, après tout j'la connais pas. Je sais jute à quoi elle ressemble. Du coup je la cherche cette fille, cette jolie fille. Mais j'la vois toujours pas.  

J'm'avance donc vers le buffet, point de rendez-vous des paumés. Et là je vois une fille, c'est pas Aenor c'est Chris. J'sais même pas d'où j'le sors son nom. J'me souviens même m'être déjà demandé si Chris était juste un diminutif. Genre de Christel, ou de Christopher. À non ça fait mec ça. Quoique les gens sont fous dans cette ville. Enfin bref j'me dirige vers elle, j'sais même pas pourquoi. "Aenor, tu l'as croisée ? Tu vois qui c'est au moins ?"

Ma belle amie n'est pas là, et comme j'ose pas demander à tous ces gens que je connais pas si par hasard ils auraient croisé la petite ange dé-jambée, c'est un peu compliqué.
Poser un lapin.
On me l'avait pas encore fait.
(Peut-être qu'elle est juste en retard ?)
Je vois Silas. Évidemment. Toujours ce truc de foule. Moi, Silas, dans une foule, je le remarque à trois kilomètres (même une foule de géants). Parce que j'ai appris à le guetter partout pour jamais le perdre de vue. Il est beau de loin, et je sais qu'il le sera aussi de près dans son costume qui est peut-être à son papa. C'est ça que j'aurais aimé encore plus moi. Sonner chez les Pollock, et pour une fois, dire aux parents, ce soir je vais au bal avec Silas. On dansera comme des cons et on se marrera comme des fous. Ce sera toujours mieux que la Debbie qui se sent toujours moche dans sa robe et que je dois emmener en slow. Et puis ça aurait l'air vrai de vrai plus qu'avec Debbie.
- Tu danses ?
je dis dans son cou.
Et je ris.

J’ai mis le costume de papa, mais je me sens beaucoup trop à l'étroit. Son odeur a disparu, mais je reste convaincu que trop le boutonner suffirait à m’étrangler, comme si son fantôme ne m’avait jamais vraiment quitter. Mais il me va bien. Alors j’avale plusieurs cachets pour me calmer, sauver les apparences, c’est ce que je sais faire de mieux. Sauf que le nom qui m’est associé, c’est celui de Valentine Olson, et franchement je vois pas qui c’est, peut-être une première année, et cette conclusion suffit à me faire grimacer. Le bal le plus important de l’année accompagné d’une demeurée, ma réputation va en prendre un coup.
- Valentine Olson, je murmure, assez fort pour qu’elle puisse m’entendre si elle se trouve à côté de moi.
Puis je finis par me dire, que je vais vite me trouver une autre partenaire, quelqu’un d’un peu plus correcte, Aenor ou Nastassja peut-être. Mais plutôt que de tourner en rond, je m’attarde au buffet, en observant un peu la foule composé de débraillés et de petites filles peut-être trop apprêtés. Je m’attarde sur personne, à part Oscar, avec son regard perdu. Je le trouve beau mon crétin, mais il est pas important, pas ce soir en tout cas, alors je ravale mon sourire et je détourne le regard.
- Eh bah; j’espère que y a de l’alcool parce que cette soirée va être longue, je souffle dans le vide, cherchant à faire la conversation avec la première personne qui saisira l'occasion de ne plus avoir l’air aussi perdu que moi.

- Avec plaisir.
Il me prend par le bras, comme si j'étais pas capable d'y aller tout seul, moi, danser, et c'est un peu vrai, il est encore tôt, pas encore nuit, on peut pas dire que pour danser, Palo Alto s'y donne à cœur joie, ça va venir.
(Quand on sera des petits vieux incapables de faire deux pas correctement et qu'on aura encore plus de bleus que maintenant, c'est comme ça qu'on continuera à avancer ensembles, avec Silas, en se tenant par le bras.
Je suis sûr.)
- Bah alors, elle s’est perdue en route, ta partenaire ?
il dit en se secouant contre la musique. Il le dit un peu fort, c'est comme dans nos soirées, pour s'entendre faut déjà s'écouter et faut surtout crier un peu. Ma partenaire, j'y pense plus, ça m'arrange, parce que même si je suis bien content que ce soit pas Debbie, même si je roule des mécaniques dans mon costume qui brille le bogoss, j'ai un peu les jambes flottantes, nuage, à l'idée de me retrouver devant une autre fille ce soir. J'ai toujours eu Debbie. Toujours là, dans un coin de mon champ de vision ou de ma tête. Y a jamais eu d'autre fille. C'est bien comme ça. J'ai peur de voir ce que ça donne, un Coma avec une autre fille, ou plutôt ce que ça donne pas. Surtout que si elle a des jambes en miettes, je vais avoir envie de pleurer pour elle.
- Oui, non, je sais pas, on verra ... C'est bien là non ?
Je recule, je recule (en métaphore).
J'aurais pas dû me faire tirer au sort.
- Et la tienne tu l'as larguée ? Elle est pas arrivée ? Remarque vu ta dégaine ...
Je me marre. En rythme.
La chanson, pendant ce temps, elle chante a real hero, a real human being, je regarde Silas en souriant, c'est lui mon real hero, toujours en train de me sauver, même des minis trucs. Là, il me sauve, tu sais.

Elle se sentait un peu conne ici, plantée, comme un piquet. ici, à attendre un signe, n'importe quoi. un truc qui la ferait bouger, qui ferait voler sa robe blanche autour d'ses genoux d'gamine. un bruit sourd qui ferait onduler sa tignasse tressée, fleurie, comme un champs au mois d'avril. elle était pas d'accord, mais c'était bon pour se sociabiliser, pour devenir civilisée, pour devenir moins esseulée qu'elle disait maman, mais papa était pas d'accord, alors maman a crié, alors papa a crié. et maman a gagné. et elle se sentait conne t'sais. dans son coin sombre à observer la foule. elle cherche vaguement Silas. mais c'est qui Silas ?
putain. des blonds, des bruns, des décolorés, des têtes de cons il y en a des tas. pourquoi elle fait pas comme tout l'monde, coller des étiquettes pour les différencier; ici l'branleur, ici l'gentil, ici l'mignon, ici l'bon. puis on va pas aller demander aux gens hein, ça fait trop peur pas vrai. mais c'pas sa faute à Bambi, elle sait même pas danser. elle sait même pas si elle a d'jà essayé.
Mais elle va faire un effort, Bambi, puis si ça foire tant pis.
Un pas en avant. un pas en arrière. deux pas en avant. et elle plonge dans l'noir. le noir qui bouge en rythme. l'noir qui colle, qui sue, qui transpire, qui respire. elle cherche à l'aveuglette comme si elle allait l'reconnaître, comme si elle allait l'connaître. putain. peut-être qu'il était même pas là.
Puis elle étouffe sur la musique, entre les corps, et s'casse la gueule dans l'décor.
Bambi elle est tombée, s'est rattrapée à la ch'mise d'un inconnu qui dansait -parce que c'est l'but de danser pas vrai, même si on a l'air con, même si on l'air bancal- et elle peut sentir ses g'noux d'gamine tout abîmés.
- Pardon, désolée, j'suis tombée
Et elle se sentait un peu conne ici, Bambi. plantée là, sur l'sol, comme une biche cognée par une bagnole.

je la cherche, ma princesse de ce soir, mais elle est pas facile à trouver. je crois qu'elle se cache, elle se cache de moi. elle n'doit pas vouloir me voir, ou alors, elle n'doit pas avoir envie d'être là. ça tombe bien, moi non plus j'en ai pas très envie. alors si je ne la trouve pas, je m'en irais, tant pis. j'irais peut-être voir aenor, rapidement, et je repartirais. mais ça, c'est si elle ne vient pas, ma princesse.
ma nat-quelque chose.
j'essaye de la trouver, je la demande, un peu bêtement, sans savoir même dire son nom. j'ai mes yeux grand ouverts pour essayer de mieux la trouver.
sinon, moi c’est nastassja.
oups. j'ai mis les pieds dans le plat, elle était juste derrière moi. je deviens tout rouge, je me sens mal de l'avoir écorché, son prénom. et puis, il est joli, en plus, quand c'est elle qui le dit. il est doux, il est léger. pas comme quand il est sur une feuille de papier, couché. il y est lourd. là, il vole, et j'aimerais bien pouvoir l'attraper, j'aimerais bien pouvoir le dire moi aussi, aussi joliment. moi, j'sais juste l'écorcher. moi, je grafigne ma princesse.
je me retourne vers elle.
désolé, je..
wow.
elle est belle, ma princesse. c'est une vraie princesse, oui, avec sa jolie robe sophistiquée et ses fleurs dans les yeux. mi-princesse, mi-fée. elle a des grands, grands yeux bleus qui ont l'air lassés d'être là, et je m'y vois dedans, un peu lamentable.
la belle et le clochard v2.0.
j'suis iz.
iz, ton cavalier pas très doué. j'ose un petit sourire, je laisse cacher mes dents. j'veux pas les montrer ce soir, j'voudrais pas briller plus qu'elle.
tu veux boire quelque chose?
je sais pas, moi. j'suis censé faire quoi, au juste? ça se passe comment, ces choses-là?