Bleu. Bleu pâle. Bleu électrique. Bleu ciel. Bleu océan. Bleu de tes yeux. Bleu de tes veines.
Couleur dominante qui prenait ses aises dans ta vie, étalée, affalée sur tes journées. Enfant désiré d'un couple épanoui, quinze années choyées et désormais regretté.
Fils d'un amoureux de la mer et d'une poupée de cire, tu étais de ces beautés fragiles que le néant crée entre deux tornades. Un de ces mioches à qui tout réussi, ces galopins aux regards espiègles qui faisaient fondre la gent féminine et qui poussaient les hommes à te caresser la tête avec vaillance.
Un petit con qui croit que la vie lui appartient.
Papa intrépide saupoudré d'égoïsme prit un jour la mer alors qu'elle était en colère. Seul une planche marquée par toutes les épreuves qu'elle avait éprouvées vous revînt. Peinture écaillée, nervure du bois arrachée. Piteux état.
Cézanne un jour pleura. Cézanne un jour mourra. Un phénix de tristesse et de rage en sortit.


Blondinet amoché, homme avant l'âge. Sécher les larmes maternelles, gérer ses études pour refaire naître une lueur de fierté au fond de ses prunelles d'un bleu sans pareil. Le terrifiant voile noir s'était encré à elle, lui laissant pour seule preuve quelques cheveux blancs. Toi, tu trouvais qu'il avait eu une mort poétique Papa. Un truc de héros. Son tombeau c'était l'immensité de l'eau. Avec les pirates.
Une, deux, trois années. Et la douleur s'apaise. Seuls quelques souvenirs tenaces s'accrochent. Ce n'est pas une preuve d'infidélité non, juste signe d'humanité.
Dix-sept printemps. Dix-sept étoiles sur tes joues. La mort oublié, l'amour reprend son droit. Aimer, ta mère, le fait trop. Naïveté maternelle que de croire que son fils ne connaît pas ces choses-là. Baisers volés, minutes de volupté. Les hommes se succèdent sous le toit de la petite famille.
Aucun ne s'encre. Tous fugitifs. Le lit maternel n'est plus qu'une aire de repos.
Alors, toi, phénix, tandis que ta mère contente sa chair tu fuis pour ne pas rien entendre. Comme pour te persuader que tout cela n'est que produit de ton esprit pervertit. Tu pars te remplir les oreilles de vent.

Un truc à s'en crever les tympans. Un truc à s'en crever les poumons.
Ce truc c'est Cœur.
Pansement qui vient recouvrir tes plaies.
Princesse au petit pois.
Y en a pas deux pareils, un véritable rayon de soleil.

R. / Wolke / 18 yo / COLORIAGE