Danse danse danse, encore et encore. Oublie oublie oublie, tout, TOUT j'te dis! Rien que le son de la musique, là, pour te péter les tympans. Putain que c'est bon! Continue, ne t'arrêtes surtout pas. Ferme les yeux, ne les regardes pas. Sens ton corps se balancer, lanciner lentement, douloureusement. Lève les bras, imagine toi mourir. Ici-bas, là, comme ça! Tomber dans le vide. T'effondrer. Crier ta douleur... celle que tu n'as jamais pu dire. Rappelle-toi de tous ces visage… de toutes ces voix… dont tu t'donnes tant de mal à oublier. Tous ces flash qui t'viennent en tête et t'font souffrir. Crie. Putain, vas-y! Fais-toi mal! Brise toi, souille toi, salis cette belle image que tu t'donnes et qu't'en peux plus d'avoir. Détruis ce que tu es! Étais... et ne seras plus jamais.
Les lumières coulent sur ma cornée. Du bleu, du rouge, du jaune… Tout disparaît, petit à petit. Je quitte la pièce bondée pour aller prendre l’air. Esther ne me suit pas, elle enroule un gars. Mais j’m’en branle.
Je franchis la porte et sors. Une bouffée d’air frais me frappe de plein fouet. Des milliers de cristaux glacés s’abattent sur mon épiderme, comme si des lames coulaient de ces deux trous béants sur mon visage. Mais non. Je n’arrive plus à pleurer.
J’inspire profondément.
Yeux tristes. Fluorescents dans la nuit.
Je regarde le ciel.
Les cicatrices guériront bientôt… Tu t’en fous.
Allé !
Sauf que ce n’est pas l’cas.
Une boule me reste coincée dans la gorge. Elle me prend et m’étouffe. Je tousse, et déglutis. Difficilement. Une goutte de pluie vint de s’écraser sur ma joue. Puis deux. Puis trois. Elles me font l’effet de larmes tombant du ciel. Les nuages et les cieux pleurent sur moi…
Je m’effondre.
Encore.
Tout le poids de mon corps se répartit sur ces genoux cailleux, écorchés par le bitume froid de la rue. Il n’y a que la clarté des réverbères, et cette fille... qui mord sa main, ensanglantée, en plein boulevard. Devant une boite de nuit à quatre heure du mat’.
Cette fille qui est tellement pathétique.
Elle qui n’arrive pas à crier… Qui a beau crever de douleur, pas un son ne sort de sa bouche. Elle se bouffe les lèvres.
Elle hurle intérieurement.
Toute sa douleur, son désespoir. Sa PUTAIN de vie. Toujours la même chose. Encore et encore. Ça la tue.
Merde.
Je vis… lentement. Rampe seulement. Chancelle. Existence minable à laquelle je n’ai pas le courage de mettre fin.
J’emmerde le monde. J’emmerde la vie, cette sale pute qui n'en fait qu'à sa tête. Un jour, je l'affronterai. J'vous le jure.
Jusqu'à ce que j'en crève.