ça fait deux semaines,
que t'es rentrée en classe,
que les vacances se sont finies,
et ça fait deux semaines,
que ton coeur il joue au ping pong.
un jour t'es heureuse,
un jour t'es triste,
un jour tu ries,
un jour tu pleures.
puis,
aujourd'hui,
t'es heureuse,
tu ries.
il y a des jours avec,
et des jours sans,
et puis ce jour,
il est avec.
avec qui ?
avec les autres.
t'es entourée là,
comme souvent
comme très souvent,
presque comme toujours.
tu ries fort,
très fort,
trop fort.
tu montres que t'es heureuse.
t'as pas un poids sur ton coeur,
aujourd'hui.
aujourd'hui,
tu pleureras pas.
tu riras seulement.
t'es heureuse,
et ça,
tout le monde peut le voir.

aujourd'hui,
tu t'es levée du bon pied,
aujourd'hui,
tu t'es levée avec le sourire.
ça se voit sur ton visage,
que tout va bien.
pas en profondeur,
juste en extérieur.
mais c'est déjà ça.
puis,
tu tournes ta tête,
tu tournes les yeux,
comme si tu guettais quelqu'un,
comme si tu cherchais quelque chose.
et puis,
tu vois momo.
là,
tout seul,
sur un banc.
toi t'as l'air d'aller bien,
lui a l'air d'être seul.
tu esquisses un sourire gêné,
un peu comme si,
tu te sentais mal de te sentir bien,
alors que lui se sent mal de se sentir mal.
vous n'avez pas parlé depuis la rentrée,
vous ne vous êtes même pas croisés.
et il est là maintenant,
juste à quelques mètres,
mais tes jambes,
elles sont lourdes,
et,
elles t'empêchent de l'approcher.

momo,
il est pas bien.
momo,
il est pas heureux,
là,
maintenant.
ça te fait bizarre de le voir dans cet état.
il était pas comme ça,
cet été.
il était souriant,
beau.
pas triste,
pas terne.
il t'a aidé à aller mieux,
il été là pour toi.
et pouf.
c'est la rentrée.
c'est comme ça tous les ans,
à chaque rentrée.
normalement on s'habitue,
et on ne dit rien.
on s'en fout presque.
on se voit
chez l'un,
chez l'autre,
mais pas au lycée.
jamais au lycée.
mais là,
c'est différent.
il y a quelque chose qui coince.
il est pas content,
il souffle,
il tourne la tête.
et toi,
t'as l'air conne,
à sourire.
tu sais pas quoi faire.
vraiment.
alors tu t'approches de lui.
doucement.
tu sais pas si t'es énervée ou pas.
alors tu lui dis,
une fois à sa hauteur,
- t'as pas le droit de me faire la tête.
là tu souris plus.
- on a toujours fais comme ça. et ça nous allait très bien !