T’as eu tort.
T’aurais pas dû prendre la mouche comme ça face à eux. Ils n’en valent probablement pas la peine. Géniteurs ou non. Bordel mais qu’est-ce que ça peut bien faire qu’ils t’autorisent à organiser des fêtes à la maison, hein ? T’as personne à inviter, sauf p’t-être deux ou trois personnes et c’est pas avec ça que tu vas faire une fête digne de c’nom.
Pis d’t’façon, t’as même pas envie d’en faire une.
Le problème est réglé. Mais pas pour eux.
Qu’ils en fassent une eux-mêmes si ça leur fait tant envie ! Qu’ils te volent la jeunesse qu’ils désirent tant retrouver. T’en as p’t-être pas besoin au final. Qu’ils aillent aussi au bahut, retrouver les joies de leur ancien statut de quarterback et de cheerleader...
Ta mère comprendre pas, elle comprend pas que t’as jamais eu l’étoffe d’une pom-pom girl. Que tu l'as jamais voulu non plus.
T’es trop menue. Pas dans le sens mince et désirable, t’es juste frêle. Une sans muscle.
Tu pourrais bien te briser sous un coup de vent. Comme ça. Pouf. Plus de Fred. Plus de l’ado aux poumons goudronnés. Plus de parents sur le dos. Plus d’la fille grognon. Plus rien.
Qu’un souvenir balayé par le temps, oublier comme on lorsqu’on perd un bouton de manchette ou une breloque à deux sous. Comme on oublie une fille banale qui v’nait pas souvent en cours.
Parce que t’es comme ça.
Destinée à reposer un jour sous une tombe non-entretenue.
Destinée à être oubliée.

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ébène. / dix-sept / votre bouille, vos mots, c'est joli