Les filles, elles ont les shorts trop courtes et les t-shirt trop haut, et on voit un peu leurs seins parfois, et puis un peu leur hanche, ou alors leur nombril. Moi j'observe, et puis j'fronce des sourcils. J'ai la tête du vilain garçon sur les traits comme si ça me mettait en colère.
J'ai l'impression d'être fixé ou je sais pas, que j'suis obligé de tout regarder mais j'ai même pas envie.
J'ai même un noeud dans les tripes, comme à chaque fois, mais pas comme celui avec Bass.
Non, un autre noeud. Et celui-là, il me donne envie d'hurler et de frapper, si on s'approche.
J'aimerais être dispensé de sport mais c'est pas possible. Le professeur a dit non. Alors je reste là, assis sur le banc, à observer les gens.
Et j'ai une tête de con, surement.
Y'a l'abreuvoir juste à côté de moi et je devrais peut-être me pousser, parce que les filles ( et les garçons ) elles viennent boire parfois. J'ai pas envie de les regarder. Moi, je suis sur mon banc les bras croisés et les traits serrés.
J'ai juste envie de leur hurler de se rhabiller.

La porte, elle est juste à côté. Je sais que, dans quelques minutes, je vais me lever et filer. Je me lève toujours, oui, pour filer. Après j'ai des mots dans mon agenda mais c'est pas grave, maman elle observe pas et elle m'en écrit un, et le professeur, il rage.
Bien fait, c'est tout.
Je pourrais fuir ouais, mais elle est là. Elle est là et elle arrive, toute mouillée par sa sueur et avec un short quand même court mais pas trop. J'ai pas envie de dégueuler, mais j'ai quand même envie de dégager.
J'ai les sourcils qui se froncent quand elle fait un commentaire. Je sais même pas son prénom mais je sais déjà qu'elle vient de se prendre un -.
La fille inconnue = --
Bass = +~+?
Le reste de l'univers = ~
Je l'observe avec ma tête habituelle et j'ai envie de lui dire qu'elle est sale, mais elle doit le savoir. Derrière, certains mecs observent et j'ai envie de leur faire un doigt. À tous. Ma mâchoire se serre et je l'observe encore. « Je sais. » Je souris un peu, penche ma tête sur le côté. J'ai pas envie de lui parler mais j'ai pas non plus envie de me faire taper par les cons qui bavent, à l'observer. « J'ai pas envie. Tu veux quoi ? » Mais j'ai pas non plus envie de lui parler.
J'aime pas les gens et elle en fait partie, des gens. « Tu sens vraiment pas bon et t'es toute luisante. » Parce qu'elle est pleine de sueur et qu'elle court derrière un ballon, comme les autres.

Y'a ses mots partout et puis rien qui va dans ma tête. Ou alors, ça va d'une oreille à une autre et ça s'arrête pas au cerveau. Ça me fait toujours ça avec les filles parce que, elles pleurent et elles dépriment, et elles veulent de l'attention et puis elles chignent, quand elles en ont trop.
J'ai déjà maman qui fait la fille, j'ai pas besoin des autres et de leur numéro.
Mes yeux, ils restent posés sur elle mais j'écoute pas, je vois pas et je sais pas
Pfftt, la porte elle fait envie.
Et puis, elle parle de mes fesses. Ça me fait froncer des sourcils parce que ça se fait pas. On dit aux garçons de pas faire de commentaire du genre aux filles alors, elles non plus elles ont pas le droit. C'est du harcèlement. « Personne t'a permis de parler de mes fesses. » Ma voix claque un peu mais j'ai pas envie d'être gentil. J'ai envie de sortir d'ici et d'aller fumer dans les chiottes, pour pas changer. « Et j'en ai rien à foutre de plaire. » Et puis là, elle boit et elle m'observe. On dirait une scène obscène d'un film un peu bête d'adolescent et je fais que grimacer, détourner les yeux.
J'espère que maman, elle agit pas comme ça pour se trouver un mec. C'est un peu bête.
C'est surtout pas plaisant, aussi.
« fous moi la paix. »

J'ai envie de la frapper mais les filles, on frappe pas ça.
J'ai envie de mettre mes mains sur mes oreilles aussi mais si je fais ça, je vais avoir l'air stupide et ceux qui le sont vraiment, ils viendront rire de moi.
Alors, je reste là.
Je reste là, assis sur mon banc, et puis je lui lance un regard noir. J'ai envie qu'elle comprenne et qu'elle se taise, qu'elle retourne avec ses amis mais non, elle reste là et c'est vraiment insupportable.
Et puis là, elle fait un commentaire. Elle dit quelque chose à propos de quelqu'un dans mes pensées et j'ai pas le temps de comprendre parce que mon regard, il est déjà au fond du gymnase et il se perd un peu contre Bass. Bass il est loin mais je vois quand même son nombril qui sourit c'est qu'un point comme ça . mais ça va, je le vois et ça me fait froncer des sourcils parce que y'a un truc, en dedans, dans mon estomac.
Je tourne mes yeux vers elle de nouveau et je lui lance encore un regard noir. J'ai pas besoin de parler parce que mon visage, il lui rit fous le camp. Mais elle est bête, elle comprend pas. Ça doit être un truc de fille, elles pensent toujours qu'on veut dire le contraire.
J'ai juste envie qu'elle se taise. « Y'a quelqu'un et c'est pas toi alors dégage. » Mais ça, elle va pas le faire. Mes yeux, ils se perdent un peu contre Bass encore avant de revenir vers elle. « Tu me veux quoi ? » Parce que là, je comprends pas.

Elle pointe du doigt Bass là bas, et j'ai envie de mordre son doigt, de lui arracher, de le faire disparaître.
Y'a personne, personne, qui pointe Bass du doigt.
Et puis aussi, je veux pas, non, qu'il voit.
Bass, il est pas venu à l'école depuis trois jours et il est là, aujourd'hui. Alors, je le lâche pas des yeux mais j'ose pas le voir, encore. « Cache ton doigt ! » Je grogne et je parle un peu fort, comme un animal.
J'aime pas ça.
J'aime pas être là.
Je l'aime pas, elle.
Elle me veut quoi, bon sang ?
Et puis elle continue, elle pointe encore, et moi, je rage. Je me redresse un peu brusquement, je prends son doigt et je le descends, pour qu'elle arrête de pointer Bass comme ça.
Elle a même pas le droit de l'observer. De parler de lui. Elle a pas le droit, non, de rien. « Arrête de parler de lui, tu le connais pas. Et tu fais chier. » J'ai les sourcils froncés et je suis là, devant elle, plus grand. Je lui fais peut-être mal au doigt mais j'en ai rien à faire. Elle me met en colère.
On parle pas contre Bass. Il fait rien de mal. C'est moi, le con.
La dernière fois, je suis parti comme un voleur. Il a le droit d'être silencieux.
Surtout avec mes crises. « Y'a plein de mecs qui veulent te parler, là-bas. Pas moi. Tu choisis mal. »

Et elle sourit. Elle sourit, là, face à moi, un peu comme ci, un peu comme ça.
Je comprends pas trop pourquoi. J'lui fais mal, certainement, à tenir son doigt comme ça.
J'ai envie de lui faire mal je crois, parce qu'elle est insupportable et elle dit des trucs que je supporte pas.
Des trucs sur Bass.
Des trucs sur moi.
Des trucs faux, aussi.
J'fronce des sourcils, à l'observer. Parce qu'elle reste là, et elle continue de dire qu'elle veut me parler. Et moi, j'la dévisage sans comprendre.
Même quand elle demande mon prénom.
J'la dévisage, là, sans bouger, avant de lâcher son doigt, son bras, et de reculer d'un pas.
J'retourne sur mon banc. « Miles. » Je grogne, tout bas. Rien à faire, si elle entend pas.
Mes yeux s'lèvent vers elle et j'croise les bras, un peu con. J'lui demande pas son prénom. J'en ai rien à faire, je crois.

Fallait se douter, oui.
Fallait se douter, oui, que ça serait n'importe quoi.
J'fronce des sourcils à l'observer quand elle commence à parler encore et qu'elle me sort n'importe quoi.
Parce que Bass, j'sais déjà tout ce qu'il fait de son temps.
J'sais déjà ce qu'il aime, ce qu'il aime pas.
Les choses, c'est beaucoup plus compliqué que ça. Mais elle, elle capte pas.
Elle capte pas, non tout ça.
Pour elle, c'est comme à la petite école.
J'secoue ma tete brusquement et j'me lève. Un signe d'la main, vers elle. « Tu sais quoi ? Laisse tomber. » Parce que j'ai pas envie de tout lui expliquer, ni rien.
Parce qu'elle me fait encore chier, en fait. Et que je la supporte pas.
J'l'observe encore un peu et la sonnerie se fait entendre. Fini, le cours. Alors j'lui adresse un sourire rapide, avant de quitter pour les vestiaires.
Elle peut pas aider, personne peut aider.