mercredi midi, à anorexiquier ma vie. sur ce banc.
papa maman ont reçu la jolie lettre qui dit qu'ça fait deux jours que je sèche les cours.
j'devrais rentrer chez moi (mon riz m'attend... c'est vrai ça).
j'devrais, mais je veux pas.
ça fait trois jours que j'y mets plus les pieds, que j'me refuse de voir cet endroit. ça m'emmerde d'y aller. j'en ai marre. marre de toutes ces têtes à claques, des filles pas gentilles qui sont censées être mes amies, de ces rire qui font que je craque.
alors je reste là.
comme un con, à attendre. et donner des coups d'pieds dans le vent.
c'est tout ce que je peux faire. m'défoncer pour du vent. toujours.
puis y'a ce garçon qui m'regarde. sans vraiment me regarder, en fait. c'est plutôt qu'il est tourné pour que je le regarde. et il triture dans le sable, comme s'il y cherchait quelque chose. un trésor, peut-être. j'me lève de mon vieux banc. pas pour lui parler, j'oserais jamais lui parler. mais plutôt pour voir dans le sable. c'qu'il fait, c'qu'il cherche. c'est quoi ça?
par là, il y a une droite qui se prolonge. à l'infini. à l'infini et plus encore. il y a cette droite qui coupe le sol en deux et répartit le sable de chaque côté.
j'me rapproche.
ça forme un trou. un grand trou tout vide (en moi). en lui. entre nous deux. et dans mes yeux.