évasion ♣ merlin.

Invité

Et ça gueule. C'est pas comme si c'était inhabituel dans la baraque des Barrow-Lennon. Le nom fait très chic, très bonne famille mais pas du tout, c'est que du flan et du flan qui a tourné depuis longtemps, comme le vin de la mère qu'elle boit quand même comme tout ce qui se boit sauf l'eau. Maman hurle de rire comme une hyène. Louis crie sur Papa qui crie sur Sol qui crie sur sa mère. Sacré bordel. Une pièce du puzzle se retire : le frère. Ca continue quand même de crier et y'a des noms d'oiseaux qui fusent. Connard. Putain. Ivrogne. Bâtard. Les voisins doivent entendre. C'est presque sûr parce que maman a ouvert la fenêtre de la cuisine parce qu'elle avait chaud -c'est juste l'alcool qui monte-. Et Sol, elle en peut plus. Elle ressemble à rien sans sa tartine de maquillage et son accoutrement de princesse, dans un gros pull de Louis qui pue l'herbe. Elle veut qu'une seule chose, c'est du silence et qu'on ne la touche pas, surtout Papa et ses grandes mains calleuses. D'un coup, Sol hurle plus fort que tout le monde alors que Louis revient. Elle hurle tellement fort qu'elle se sent comme Zeus qui crie sa colère et elle s'étonne d'avoir encore de la voix. Elle hurle à sa mère : « Tu peux pas fermer ta sale gueule deux minutes et t'étouffer avec ta bouteille, putain de merde ? ». Mais non, voilà que Maman se met à pleurer et que Papa devient menaçant. Alors Sol se barre. Elle a pas de chaussures, presque rien sur le dos mais c'est toujours mieux ailleurs qu'ici. Elle claque la porte, descend les marches du perron et allume une clope. A la lueur de son briquet, un soleil blond dans la nuit noire.

il marche, il erre dans les rues, vagabond des nuits,
comme un chat abandonné traînant les rues.
on pourrait presque croire qu'il est un chat, merlin,
ses pas sont silencieux,
et puis ses yeux ils brillent,
même dans l'obscurité.
il a son petit bonheur dans les poches,
et il rentre chez lui pour goûter aux cigarettes magiques,
mais il entend des bruits (sourds et effrayants, même pour un chat) :
une porte qui claque et des pleurs, un briquet qui crépite dans les ténèbres.
c'est
elle.
droit devant.

Invité

Elle en a marre de chialer tous les soirs. A la lueur des réverbères, elle reconnaît ce soleil qui luit pour l'avoir observé, en secret, quelques minutes, quelques jours plus tôt. Elle ne le voit pas mais elle le sent, elle sait qui c'est. Et putain, ça fait deux fois qu'il la voit dans un sale état. C'est pas difficile de savoir pourquoi il est là. Y'a jamais personne qui passe dans ce coin où les maisons sont de travers et où parfois, l'odeur d'essence et de feu se conjugue. Elle cache son visage derrière un rideau de cheveux et marmonne un ordre : « Fournis-toi ailleurs ». Et s'il a entendu ? Et s'il pose des questions ? Et s'il parle de ce soir et de l'autre jour, quand ils ont séchés tout les deux ? Et si, et si, et si ?

il pourrait la reconnaître parmi tant d'autres.
mais là,
là,
ses longs cheveux d'or paraissent abimés,
et son corps semble s'affaisser sous le poids d'un gros pull épais recouvrant chaque parcelle de sa peau.
des bouts de paillettes mouillées, des larmes sucrées coulent sur ses joues.
- trop tard.
les chats entendent tout.
même le plus bas des murmures prononcé dans le chaos de la nuit.

Invité

Et ça l'énerve qu'il lui réponde. Elle est à bout de nerfs, Sol, prête à exploser. Elle triture le bas de son pull, sent le froid sur ses jambes découvertes, renifle en même temps qu'elle trépigne quand la fenêtre s'ouvre. Elle reconnaît le grincement significatif et ferme les yeux. Pourquoi ? Pourquoi devant lui ? Et ça retentit dans le silence de la rue. Ne me parle plus jamais comme ça, espèce de putain, j'dois te rappeler que t'es ma fille, sans moi, tu serai pas là. Et merde. Pire que merde. Yeux au ciel. Elle est presque sûre que ça sent l'alcool jusqu'ici depuis la bouche de sa mère. Elle lui adresse un doigt d'honneur, de dos. Elle se fiche d'être pieds nus, Sol s'avance. L'herbe est remplacée par le bitume, ça fait mal mais Sol se tait. Elle parvient au niveau de Merlin, sous la lumière d'un réverbère et des petites bêtes nocturnes qui y picorent de la vie. « Trouve quelqu'un d'autre que Louis. » répète-t-elle. « A moins que tu fasses exprès? ». Après tout, l'autre jour, il l'observait non ? Même s'il a nié.

et puis,
le silence se brise,
comme une bombe lâchée en plein cœur de la nuit.
une voix au loin,
de la violence dans les mots,
boum! ça lui fait mal, à Sol.
- j'savais pas que c'était ton frère, hein. désolée, ça doit pas être le moment, je m'en vais.
son corps avance droit dans la rue, mais son cœur lui, ne suit pas ses pas.

Invité

Il commence à s'enfuir comme un voleur. Elle, elle veut s'enfuir et elle repense à cette histoire de princes ainsi que de chevaliers dont ils ont parlés sur le toit, l'autre jour. Les princes, maintenant, ils ont quoi à la place des chevaux pour faire voler les princesses ? Drogue, pillule, injection, corps, sexe.Sol le rattrape même si les graviers sous ses pieds font un mal de chien. Elle agrippe sa manche. De sa poche, Sol sort un billet qu'elle lui tend. Pas un mot. Mystère. Que veut-elle de lui ?

le silence se re-dépose délicatement dans les bras de la nuit,
tandis qu'il s'en va,
et puis il sent sa main (froide même à travers sa manche),
qui l'attrape, et qui lui tend un billet,
pourquoi ? il fronce les sourcils,
il se sent tout bête avec sa tête de gamin, là.
- qu'est-ce que tu veux que je fasse de ça ?

Invité

Fais-moi quitter la terre ferme, Merlin.

il aime pas voir les filles pleurer,
il préfère quand elles rigolent et qu'elles ont le coeur qui devient fleur,
avec des pétales aux milles couleurs,
et puis aussi quand elles rigolent,
et que leurs sourires le font rougir.
sa main à elle touche sa peau à lui,
(très) délicatement, comme le baiser qu'on dépose sur le front d'un nouveau-né,
alors il frissonne un peu, sans bruit, pour pas qu'elle entende.
- mais tu auras encore honte de moi, hein ?

Invité

Fais-nous pousser des ailes.

il se rappelle de quand ils étaient tous les deux sur ce toit du monde,
et que son coeur à elle s'est presque ouvert à lui,
et là,
peut-être qu'elle lui dira ses malheurs,
alors il l'écoutera en regardant les étoiles.
- je peux t'emmener encore plus haut que la dernière fois si tu veux.
son doigt pointe l'horizon,
au-delà des rues et de la nuit.

Invité

Tu sais piloter une fusée ?

leurs doigts se mêlent dans un seul et unique souffle,
et son petit cœur il bat trèstrès fort en cet instant,
comme une grosse dose d'adrénaline injectée en plein dans les veines.
c'est elle qui le guide cette fois,
ses pieds dansent sur le macadam,
et elle l'emmène dans son vaisseau spatial (sauf qu'elle ne sait pas conduire vers les étoiles).
- oui, je crois, j'ai vu ça à la télé!! accroche toi bien!
c'est ridicule mais c'est beau de redevenir des enfants,
le temps d'une nuit.

Invité

Elle le regarde, rêveuse et ébahie, blottie dans un coin de la fusée, toute petite, minuscule, presque invisible. Elle couvre ses jambes avec le pull, gênée, même si ça couvre pas assez. Sol se sent nue mais elle aime la sensation du vent sur sa peau. Doucement, elle pose une main sur l’avant bras de Merlin mais elle justifie son geste, mal à l’aise : « je t’aide à conduire ».Sa main remonte le long de son bras jusqu’à sa joue. « J’voulais pas que tu entendes Maman crier ». Et elle se dit que lui, l’adopté, l’abandonné, il ne sait sûrement pas ce que ça fait d’être insulté par sa mère, celle qu’on doit prendre pour modèle mais qui nous détruit. « On partage une pilule de Louis ? »

sa peau a froid à cause de la légère brise qui souffle,
derniers effluves de l'été sur leurs corps encore chauds.
elle dépose sa main sur lui, et il a l'impression de retomber amoureux
encore une fois,
peut-on tomber amoureux rien qu'avec le contact d'une chair sur une autre?
non. et puis, si, et puis tant pis.
- t'inquiètes pas. je ferais comme si j'avais rien entendu.
qu'il lui dit doucement, pour la rassurer, pour lui faire oublier,
pour la ramener au seul instant qu'ils vivent en ce moment.
il fouille dans sa poche et,
dépose dans sa main à elle,
la p'tite pilule.

Invité

et puis le temps d'un battement de cœur
le temps d'un rien,
son souffle à elle dans le sien,
ses lèvres à elle délicatement posées sur les siennes,
il ne respire plus.
ses yeux sont fermés alors,
il peut sentir encore plus fort l'amertume de son baiser,
et puis ses mains qui emprisonnent son visage, là,
tous les deux,
dans leur vaisseau spatial,
et les étoiles,
c'est eux.
il ne dit rien,
il la regarde,
et puis ça y est,
il est amoureux.

Invité

ses lèvres à elles sont douces, sucrées,
et amères à la fois, elle ont un goût d'acidité
à la fin du baiser.
faut pas pleurer, faut pas pleurer,
qu'il se répète, mais ses larmes elles sont chaudes à l'intérieur,
elles brûlent de passion, elles brûlent et deviennent flamme.
il baisse les yeux,
il est tout feu.

Invité

Y faut pas, y faut pas, y faut

elle est une princesse abîmée,
une fleur fanée,
et merlin il aurait juré l'avoir entendu pleurer,
alors il voudrait lui dire, lui chuchoter au creux de l'oreille,
qu'une princesse ça pleure pas,
qu'une princesse c'est beau d'amour,
et que ça sourit quand enfin arrive son chevalier.
il voudrait être son chevalier, merlin, être grand et fort,
et la sauver du grand méchant loup qui se cache dans les ténèbres,
là, au plus profond de son âme tiraillée.
- j'suis là, tu sais, enfin, je me doute que tu veux pas en parler, mais j'suis là, j'suis toujours là.

Invité

Tu ne voudrais plus me regarder, tu partirais en courant

C’est sale ce que j’ai fais, Merlin, j’aurais pas du

- non, non, j'te le promets, j'arrêterais jamais de te regarder comme je le fais en ce moment.
il a les yeux qui pétillent comme les comètes qui brillent juste au-dessus de leurs têtes.
il voudrait sécher les larmes amères qui coulent sur son visage à elle,
et lui chanter les étoiles,
pour la consoler.
l'emprisonner dans ses bras juste un instant,
et lui dire que tout ira bien.
mais il a peur, un peu,
peur de tomber trop amoureux.

Invité

Spoiler:

C'est beau ce que tu viens de dire

Je comprends pas tout ce qui se passe

» nous tentons l'évasion dans le feu de la passion.
» CASIER DE MERLIN
» tu peux pas nager dans les arbres (merlin)

évasion ♣ merlin.

évasion ♣ merlin.

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