la lune était toute petite, et c'était qu'une bébé-lune, un croissant vous savez comme la forme du sourire du chat de Cheshire dans le pays des Merveilles? ce soir c'est moi, Alice. j'essaye d'écouter le sourire du chat me chanter une chanson qui n'a pas de sens, mais j'arrive même pas à entendre. ce qu'elle est chiante la lune, quand elle est timide. puis surtout, la musique est trop forte. elle fait vibrer chaque petite partie de mon corps, et je déteste ça. une soirée. je me demande vraiment ce qui cloche chez moi. j'aurai très bien pu faire autre chose, cette nuit. j'aurai pu monter sur mon toit avec ma musique, m'allonger et regarder les étoiles. au lieu de ça, je suis assise sur un énorme canapé dans lequel je ne peux même pas m'enfoncer, avec la musique des autres, et à côté de deux pauvres gamins qui se roulent des pelles à me faire vomir.
elles sont où les toilettes? j'essaye de faire en sorte qu'on m'entende, je crie assez fort, mais faut dire qu'avec tout ce raffut, on s'en fout pas mal des gens qui crient. tant pis, je chercherai toute seule. je monte les escaliers. je suis un peu essoufflée, c'est une grande maison, et j'ai souvent du mal à respirer. j'ouvre toutes les portes, chacune des pièces m'offrant un spectacle désolant. puis il reste une porte. elle est correctement fermée celle-là, comme si c'était une des pièces qu'on voulait que personne ne découvre. dans ma tête c'était plutôt une des pièces que personne ne devait squatter, salir, souiller. sauf que y a quelqu'un dedans. je l'entends bien, j'entends des coups, puis deux trois cris. il veut pas. il veut pas le faire. il veut pas coucher avec cette nana, parce que y a aenor à côté de ça, aenor il veut pas lui faire de peine. voilà ce qu'il répète depuis le début. voilà ce que j'ai entendu, et ce que j'aurais pas dû entendre. sauf que les toilettes, je tenais à les voir. je fais grincer la porte, histoire de dire "t'es pas tout seul, mais je veux pas te déranger non plus". putain. c'est leo. leo est grand, assez beau, et puis leo tout le monde sait c'est qui. mais personne sait que des fois, il craque. je me contente de sourire. un sourire mauvais, moqueur, inquiétant. à croire que voir les gens dans ce genre d'état, ça m'amuse.