Jan Süskind
PSEUDO/PRÉNOM : alien. CRÉDITS : minljiva. AVATAR : carlos. ÂGE : dix-neuf. DATE D'INSCRIPTION : 16/11/2014 MESSAGES : 17
| Sujet: C'EST BEAU L'AMOUR. Dim 16 Nov - 15:36 | |
| JAN SÜSKIND
dix-neuf
carlos santolalla
☾
Décris-nous ta relation avec tes parents : hahahaha haha ha ha ils ont l'accent dans la voix, les parents. ils ont les ambitions dans le coeur, les parents. ils le voyaient grand, ingénieur, président, avocat, médecin. hahahaha. ils se sont plantés, les parents. ils ont été déçus, les parents. alors, ils ont ouvert la porte, montrer l'extérieur du doigt. et maintenant, ils concentrent leurs attentes sur le second enfant. // Comment ça se passe au lycée ? : c'est fini, le lycée. derrière, oublié. c'est un papier sur le comptoir, au fond du tiroir, et des notes assez rasoirs. le lycée, il y va que pour chercher kasia, maintenant. que pour ça.
☼
jan, il est éteint. un jour, l'ampoule a craquelé et le feu, à l'intérieur, il s'est évanoui. ça a été brusque, un peu comme un souffle trop violent, contre une chandelle. ça a été violent, si bien qu'il en a des marques encore, contre sa peau et à l'intérieur, en dedans, en dehors. jan, il est marqué. par toi, par moi, par nous. il est accidenté. le corps, il est un peu abîmé, un peu fracassé, et contre le sol, il y a des morceaux égarés. et pourtant, il continue d'avancer. pieds nus, il s'enfonce dans le verre de son coeur, et il continue, essaie même s'il est soufflé. jan, il fronce des sourcils, parle peu, dit trop peut-être, avec ses yeux. jan, il a le corps blessé, l'âme un peu tourmentée, l'esprit à la dérive. il essaie d'avancer, pas encore résigner. il entend toujours, il entendait avant. les commentaires de ceux là, là-bas, et des parents qui ne sont plus là, maintenant. il entend les insultes, les déceptions qu'il fait naître, les plaintes à son écart. il voit sa vie. sa vie de merde, son propre échec. il voit, encore et encore, les sourires compatissants et les têtes qui se secouent, lentement. il voit, oui. il voit, tout ça. et doucement, il prend. il prend un cachet, pour faire taire la douleur. il prend un anti-douleur, même si ça soulage à peine le corps, ne soigne pas le coeur. et il reste là. il reste là, sur le canapé. le corps un peu trop lourd, la tête un peu trop dans les cieux, il joue aux jeux vidéos. il ouvre le pc, travaille sur un design pour un t-shirt, le temps d'un instant, avant d'avoir trop mal, en dedans. il bosse sur un remix, avant d'être lourd de lui-même, avant de paniquer, dans sa tête. et puis, il se pose de nouveau. il s'écrase en boxer, observe les cartoons, en se roulant en joint. il oublie, part, s'évade. jan, il est déchet, dégoût, chômeur, handicapé, coincé, pd, renfermé, défoncé. jan, il a besoin d'une infirmière. les yeux s'emplissent de larmes parfois, le temps d'un instant, alors que kasia, il observe ailleurs. il l'observe attentivement, demande à l'aide peut-être, avant d'être vide, vague, ailleurs de nouveau, lorsque les yeux se croisent. jan, il est silencieux. jan, il ne parle pas. macho, renfermé, incapable de communiquer. ils sont constipés, ses sentiments. bloqués, incapable de se vider, de sortir de ses lèvres, de son coeur. il y a un noeud, là. un noeud, trop grand. il ne passe pas. un noeud, john. john, contre son coeur. john, parti toujours, à jamais, ailleurs. les pleurs, ils n'ont pas encore éclatés. tout est bloqué. il y a un canal, à défoncer. un barrage à céder. un abcès trop présent, à crever. et tout ça, pourtant, on ne voit pas. non, les gens, ils ne voient pas. il voit jan, comme il était autrefois, comme il est encore parfois, lorsqu'il n'y pense pas. jan, il est salace, langue de vipère, sourire en coin. jan, c'est le doigt d'honneur fait à la loi, celui qui ne respecte pas, celui qui écrit ses propres règles, ses propres lois. celui qui n'écoute pas, qui vit pour vivre, simplement. celui qui sort aux fêtes, qui danse jusqu'à deux heures du matin, qui serre kasia dans ses bras, fort, et pose un baiser sur son cou, qu'importe la sueur qui s'y trouve. jan, il emmerde le monde tout entier, il emmerde ceux qui le dévisage et vit sa vie, ne fait pas de compromis. il aime trop fort, mais ne le hurle pas. il aime trop fort, mais le dit rarement. il vit son amour, ne le dit pas. il le vit, ne s'y attarde pas. il fait ce qu'il veut, et ne demande pas s'il peut. jan, il vit. il vit, un peu trop vite, un peu trop pleinement peut-être. il observe devant, ne voit pas le reste. il rate les détails, les problèmes, les embrouilles. il ne voit pas, non, les imperfections. et il est surpris, presque enfant, lorsqu'on en vient à lui en parler. jan, il vit tout, voit si peu.
//
c'est pas grand chose. le bonheur, c'est pas grand chose, juste quelques sourires, quelques gens. jan, il l'avait, le bonheur. au bout de ses doigts, même. il avait le rire au bord des lèvres, les étoiles dans les yeux. le petit ami parfait, toujours là. le meilleur ami, presque un frère, comprenant tout, tout le temps. le guide, le frère. le modèle, même s'il était bien con, peut-être. on s'en fout, de ça. c'était john, putain. john, qui s'est éteint. une soirée, comme ça. un peu d'alcool dans les veines, un peu plus dans celles de john, en fait. john, derrière le volant. john, qui rit trop fort. et puis la voiture, soudain, qui se fracasse contre un bâtiment. douleur vivre, à la jambe. et john, ailleurs maintenant. jan, il a ouvert les yeux, un peu brusquement. il s'est réveillé là, à l’hôpital, avec kasia près de lui. kasia, si parfait. il a ri un peu, la voix éteinte. il a ri, les yeux vitreux, le corps douloureux. « avec john, on va s'marrer de cette histoire. » il y a cru, ce con. il a cru, oui, que ce n'était qu'un accident. et pourtant, john, il était plus là. jan, il a cherché. il a cherché, là, au fond des yeux de kasia, une explication, un rire, quelque chose comme ça. il a cherché, et puis, rien. il n'a rien trouvé. tout dégringole, brusquement. enfin, pas tout. mais un moment, longtemps, ça semble tout comme. il y avait kasia et jan. il y avait john et jan, aussi. et puis, une moitié en moins. un vide, là, trop grand. un vide, soudain, un peu trop présent.
☆
alien / 21 / carlos / j'vous
- Code:
-
carlos santolalla - jan süskind |
|