J'voulais poser sur du papier ce que je ressentais vraiment,
mais d'une certaine façon la page resta vide,
et je ne pouvais pas mieux le décrire.
Y a trop d'alcool dans tes veines. Trop d'excès dans tes yeux. Trop de peine dans ton cœur. Y autant de colère pour le monde dans ton être que de nuages dans le ciel. Y a tellement de chose à dire, tellement de chose à faire, à découvrir que t'as plus envie de vivre. Et tu défies le monde, dans un flot d'insanité malhabile. De rires à gorge déployé à en faire trembler l'humanité. De sexe sans nom, d'histoire sans visage. C'est ta façon à toi de vivre, furibonde et assassine.
C'est l'histoire banale d'une fille extraordinaire.
Éternel paradoxe coincé entre une antithèse.
Je t'aimerai pour toujours.
Tu le feras ?
C'est bien ça le problème.
Parfois j'aimerai qu'on arrête le temps. Juste qu'on appuie sur pause et que, comme dans un grand livre, on redécouvre tout. On réapprend à rire comme au premier jour et s'aimer comme au dernier. Qu'on arrête de vivre comme si on était prisonnier d'un magazine. Génération déplorée, génération insultée, mais génération fière d'être ce qu'elle est, croquant la vie à pleine dent sous notre bannière cocaïnée. live fast, die young des mots tatoués sur des personnes qui ne se respectent plus, qui ne s'écoutent pas.
Parfois j'aimerai qu'on s'allonge sur l'herbe fraîche et qu'on regarde les étoiles. Mes lèvres mauves seraient le témoin de la glace qui habite mon cœur, mais toi tu pourrais sourire, tu pourrais m'serrer contre toi et m'inciter à vivre. Tu pourrais m'aimer au moins une fois, juste pour une fois.
Dis-moi un mensonge ?
Je t'aime.
Nastassja, c'est le récit d'un amour qui dure pas. D'une beauté qui se fane, d'un corps qui perd son âme et se livre chaque nuit à de nouveaux visages meurtris par le même mal. Éternel stéréotype d'une génération bâclée, nourrit dans la même idée que le sexe c'est rien, que l'amour ça n'existe pas. C'est la recherche d'une attache sans attache, d'une liberté pas si libre, d'un corps plus si seul, de la moitié de la cuillère dans ce grand lit froid. C'est dans ses grands yeux noirs qu'on scrute avec un espoir un signe de respect, d'adoration qui ne tarit pas, de regard qui ne veut pas dire va-t-en laisse moi seule dans mes draps. Elle avance dans le monde à grand pas, pour éviter de s'attacher, de trop s'attacher, parce que tout le monde lui dit de pas s'attacher, que s'attacher ça fait mal, ça fait peur. De toute façon tout fait peur, mais ça l'empêche pas de le faire quand même.
Au fond Nastassja c'est comme l'amour, tout le monde en parle, mais personne ne la comprend.
Je savais que c'était toi. Je savais que c'était toi, comme nos parents savent qu'on est bourré alors qu'on prétend ne pas l'être. Je savais que c'était toi comme on sait que deux et deux font quatre, que le soleil reviendra tôt ou tard. Je savais que c'était toi quand je m'endormais le soir, quand je me réveillais le matin. Je savais que c'était toi, parce que t'étais toi.
Et moi, dans tout ça, j'avais trouvé la moitié d'un tout qui n'existait pas, qui n'existait plus.