Décris-nous ta relation avec tes parents : rien à dire, rien à écrire. c'est vide. y'a qu'mon chien et moi et puis ces couloirs déserts. y'a personne et puis voilà. y'a que m, o, i. voyages par-ci, voyages par-là. des heures séparés et des secondes ensembles. de jolis mots et puis ça r'commence. t'vois, j'ai l'coeur de pierre.   // Comment ça se passe au lycée ? : trop d'rumeurs, trop d'surnoms affublés. le prénom collé aux lèvres, mais on veut d'moi nul part. ils s'font un malin plaisir à rigoler, et puis moi, j'les laisse faire. j'm'en fou. fallait bien que quelqu'un soit l'souffre-douleur. t'sais, parce que j'ai les épaules larges, j'sais en prendre. j'aimerais mieux m'voir sauter en bas de l'édifice plutôt qu'ce soit quelqu'un d'autre, quelqu'un à l'âme trop belle. j'griffonne en cours, j'me coloris les ongles, j'décore ma peau d'encre bleue. j'suis là, mais j'suis pas là. c'est la teuf tous les soirs et les migraines tous les matins. c'est des matinées d'cours qu'on perd à force de trop s'bronzer près de la piscine creusée. c'est un trop plein d'liberté qui m'enchaîne, en même temps. parce que j'serais toujour prisonnière d'l'image que j'entretiens. j'serais toujours la cinglée, la pute, la salope. j'serais tout, tout, tout, sauf toi.