papa crie. maman boit.
papa tape. maman pleure. à la maison ça tremble, la vaisselle se brise, les portes claquent et il y a du bruit. du bruit le matin, du bruit le soir, la nuit. ce sont des adolescents. ils ont seize, dix-sept ans mais ils sont déjà fatigués. ils ont les épaules lourdes, écrasées. la vie leur semble interminable, insurmontable. mais ce ne sont que des
enfants.
cinq heures de sommeil. les cernes. la douche. se faire beau, mettre du gel, une chemise. le lycée. les amis. dire bonjour, prendre april dans ses bras, embrasser joe sur la joue pour rendre rich jaloux. étudier. se retourner la tête et le corps pendant les soirées. pleurer aussi, s’excuser des millions de fois. dire qu’on s’aime,
recommencer.
ils ont seize, dix-sept ans. après minuit ils sont toujours là, ils traînent dans les rues. une bouteille de vodka à la main, une cigarette dans l’autre, ils agissent comme s’ils étaient grands. ils piquent les cartes d’identités des grands frères, disent qu’ils ont vingt-et-un ans.
les filles se maquillent, montrent leurs jambes.
tous les jours ils recommencent.
on s’invite, on se déchire. on fait n’importe quoi pour oublier ce qu’il se passe chez soi. on se détruit à coups de mots durs dans le dos, à coups de poings dans la cour de récréation, à coups de couteau sur le bitume.