décris-nous ta relation avec tes parents. inexistante, grâce à la coca, cette salope blanche qui fait bander leurs copains mieux qu’elles en seront jamais capables. ici tu vois tous ces petites pédales aimables qui s’enfoncent leurs clefs de Benz dans le nez et, entre deux reniflements pathétiques, ils t’expliquent que c’est pour oublier leurs mal-êtres respectifs – ils ont plus de quatre cent noms différents pour leurs bleus à l’âme répertoriés dans le DSM-5, ouais Pfizer tenait vraiment à booster ses ventes de Xanax – et y’a toi qui les écoute. au début tu hoches la tête un peu, genre tu comprends ouais ah ouais ton père est un salaud? ouais c’est trop la mierda ouais allez oublie passe toi en un peu sur les gencives ça défonce trop bien, si papi! mais après un moment tu vois plus que ton papa à toi, ou plutôt sa tête, emballée sous vide devant la porte d’entrée, la madre qui hurle et qui essaye de te cacher les yeux mais c’est trop tard – t’as bien vu qu’ils lui ont même crevé les yeux –, toi à l’aéroport et elle qui te serre très fort parce que vous savez bien toutes les deux que lorsque vous allez vous revoir ce sera les pieds devant et, quelques semaines plus tard, les bracelets clinquants de ta tia alors qu’elle s'accroche à ton cou, en larmes, une lettre chiffonnée entre ses doigts bagués. eso es la vida lola!
tu tiens bon quand même, tu esquisses quelques sourires appuyés d’hochements de tête empressés et puis quand ton interlocuteur a fini de discourir sur son mal du siècle perso, tu le regardes partir, les lèvres serrées, le regard douloureux, la tête ailleurs.   
comment ça se passe au lycée? pas trop mal, t'es Lola l'illégale qui a foutu une claque à Parsons en géo, t'as un gros caractère, un gros accent, un gros cul et un gros crush sur Young Thug que t'écoute avec peu de subtilité dans les cours de maths, mais t'as une bonne tête au fond, tu fais tes trucs et les résultats sont très potables. y'a que les cours d'anglais qui t'emmerdent profondément, à renforts de métaphores et d'euphémismes; t'es pratico-pratique toi, t'en as marre de comparer les derniers instants d'un vieillard à un soleil incandescent ou la fin de l'humanité ou mierda quoi, le type il fait juste mourir allez c'est ça couic ciao papi!