Betty, c'est le portrait craché de maman.
Elle passe en coup de vent, elle est du genre courant d'air, elle jette un froid puis disparaît. C'est pas si grave, elle est gentille. Il trouve ça juste dommage qu'elle soit pas grande fille malgré les années. Elle pleure souvent dans les bras de Camille, qui sait pas trop quoi faire, pas trop quoi dire. Il sort pas de jolies phrases rassurantes, il en a un peu marre des déboires de mini Spens. Ou peut-être juste qu'il sait pas y faire mais il a pitié, Camille, de sa frangine un brin paumée, il lui ouvre la porte et la couche comme une gosse, la cale sous les draps froids de sa chambre d'enfant qui n'a jamais changé. Il lui demande rien, il veut pas savoir. Il veut pas l'entendre se lamenter sur mille et un problèmes auquel il ne veut pas se mêler, auxquels il n'apportera aucune solution. Elle est grande Betty, elle l'a pas encore compris mais ça viendra. Camille en attendant il l'a laisse se perdre, elle trouvera bien son chemin un jour ou l'autre.
Ca le rassure de s'le dire.
Et de toute façon y a Bambi.
Avec son air de poupée de porcelaine qu'on pourrait casser en lui caressant la joue, ses cheveux flamboyants, indomptés et indomptables. Ses tâches de rousseur sur son visage doux qui lui donne l'air éternellement gamine.
Il l'attend souvent, sa petite innocente, son petit ange. Il sait pas trop pourquoi, c'est comme ça. Il l'attend, et elle vient.
Parfois.
Souvent.
Ils parlent sans trop en dire et même dans les silences, il aime sa présence. Il y a quelque chose de mélodieux dans ses silences. Une symphonie muette qui ne s'entend pas.
Qui se ressent.
Et il le ressent bien camille, ô oui. Il n'entend que ça quand elle est dans les parages, il n'entend qu'elle mais il le dira pas. Ça fait bateau, un peu trop niais, il dit surtout qu'il l'aime bien, pas qu'il l'aime. Juste bien. Et le lendemain encore il attend, la cancéreuse au bord des lèvres en scrutant farouchement la rue de laquelle elle apparaît toujours. Y a mieux qu'ici pour elle, mieux que l'arrêt de bus pour son petit corps frêle, mais l'endroit à un goût de chez-eux, comme un lieu impénétrable dont eux seuls auraient les clefs, un havre de paix, une bulle d'égoïsme dans laquelle camille aime se confondre. avec bambi.
uniquement elle.
Et des fois, elle vient pas. Ca lui fend le cœur, lui tape dans le thorax. Il en devient rouge, pas de colère, il s'énerve pas contre Bambi, elle est trop douce. Juste la suffocation de la panique. Parce qu'il sait jamais camille, si elle va bien ou non, si dans son monde rien ne s'est effondré. Ou pire : si elle s'est lassé de lui ou non.
A vrai dire, il a jamais trop compris pourquoi elle lui parlait toujours, pourquoi ses douces lèvres et ses jolies mots pouvaient encore lui être adressés. Elle vaut mieux que ça, un prince de la voie lactée ou un truc du genre. Elle mérite quelque chose comme vivre dans un château d'étoile là-haut tout proche du soleil.
Peut-être qu'elle partira un jour.
Peut-être pas.
En attendant, il profite de ce qu'elle lui donne, en espérant savoir en donner autant.

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