(libre) 'cause my shadow is the only thing that i have

On parle des assiettes qui volent dans les familles brisées, mais personne parle des bouteilles de vins, celles que je me prends en pleine gueule les soirs où ma mère ne discerne plus la réalité de ses cauchemars, et pourtant, je vous assure que c’est beaucoup plus douloureux. Je crois que je ressemble trop à mon père, je sais pas trop, son visage, c’est pas la partie de son corps qui est restée encrée dans mes souvenirs. Elle m’a appelé Andrzej tellement fois que j’en viens à me barrer de chez moi pour ne pas me détester à en vomir. Je reviendrai quand elle aura décuvé, demain, ou dans quelques jours. C’est toujours comme ça que je me retrouve à airer en pleine nuit dans les rues de Palo Alto, avec mon skate et un sac à dos, le genre de truc cliché qu’on voit dans les films mal scénarisé sur les ados en manque de reperds. Moi j’ai pas encore décidé si je m’en foutais ou si j’ai toujours eu conscience d’être un putain de cliché, celui du gosse élevé dans une famille mono-parentale, qui veut tout et qui n’a rien et qui est en recherche constante de (re)père. Ouais. Je suis un putain de cliché. Le seul truc qui me rassure, c’est qu’à cet âge on l”est tous, en grandissant, on continuera d’être des clichés, mais d’adulte, je changerais, et ça c’est le seul truc bien. Sauf si la pédophilie est héréditaire et que je deviens comme mon père, ça c’est moins cool. Je crois que je suis plutôt doué pour cacher mon mal être face à ce genre de pensé, mais y a personne alors je m’autorise à shooter dans une des canettes qui traînent au pied du banc public. Je l’envoie pas loin, à croire que j’ai aucune force quand j’ai les idées et les sentiments embrouillés.

Invité

Papa a encore touché Sol et Maman a encore rigolé en voyant ça, sa bouteille de vin dans les mains. Elle a même gerbé par terre mais ça, c'est pas grave. C'est une habitude. Sol a nettoyé derrière elle, comme elle le fait chaque fois, oubliant ses larmes et la douleur des mains de son père sur son corps, toujours là, même après, pour toujours. Elle pue le vin, la gerbe et la sueur. Elle est dans un état lamentable pour une Reine, déchue, tombée de son trône qui n'existe pas le soir. Et pourtant, malgré l'odeur et l'état, Sol est impeccablement bien présenté. Elle s'échappe par la fenêtre avec un sac jeté sur les épaules. Sol va aller chez les Pollock. Debbie et Silas demandent rien. En fait, ils voient rien. Il suffit qu'elle mente, qu'elle dise juste que sa mère est malade (pour justifier l'odeur), qu'elle se parfume pour masquer l'alcool et qu'elle est là pour la laisser se reposer. Debbie sait pas. Debbie a jamais vu ses parents. Personne ne les a jamais vu, Sol les cachent. Honte, peur, un mélange des deux. Et elle manque de se casser la gueule, ses talons qui glissent sur une canette échouée de nulle part. Juste en face, à quoi, un mètre, un mec. Comme un autre mais un peu pommé, comme elle, visiblement. « Tu ne pouvais pas faire attention ? »

Spoiler:

» T'es qui toi ? (libre)
» 3x+7 = ? (libre)
» FRISSON (LIBRE)
» BAD FEELING (LIBRE)
» t'as qu'à crayonner mon âme (libre)

(libre) 'cause my shadow is the only thing that i have

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