On pourrait dire comme ça que tu es froide. Un glaçon, lisse, tu ne fais pas de vagues.
Eux, ils ne sont que haine à tes yeux. Ils en sont bouffis, ça suinte par tous leurs pores. Les Américains. En fait, tu rêves du pays auquel tu as été arrachée, des cerisiers en fleurs et de ta mama comme du paradis terrestre. Tu te dis c'était parfait. Tu voudrais y retourner. Mais elle ne serait plus là, les couleurs te semblerait plus ternes, les autres moins généreux. Ce que tu ne vois pas, c'est que c'est seulement le poids des années qui te pèse. Tu ne regrettes pas un lieu que tu idéalises, tu regrettes seulement l'enfance, l'âge où il t'était permis de voir sans ombre les beautés du monde. Grandis.
Quand sa mère est morte, j'ai dit non. Je ne voulais pas recueillir la môme que mon mari avait eu avec cette prostituée japonaise. Ce qui me faisait le plus mal, c'est qu'il avait aimé cette pute, comme si elle avait ressenti le moindre sentiment pour lui, en retour. Elle s'en était servie pour parvenir à ses fins, pour prendre le fric, c'est pour ça qu'elle avait quitté son pays. Comme toutes les autres qui venaient s'installer ici. Une profiteuse. Elle ne le méritait pas, elle ne pouvait pas le chérir mieux que moi, elle ne pouvait pas le rendre heureux comme j'aurais pu le faire s'il n'avait pas tout gâché. Elle devait mourir.

Amélie / piou. / 18 ans / petit mot